Trouver l'équilibre

Vous avez peut-être ressenti, au fur et à mesure que vous pratiquez le yoga, suivez des cours, lisez des magazines de bien-être, une certaine aspiration à la pureté et à l'équilibre. Nous souhaitons manger des aliments plus simples, plus légers, plus sains. Nous traversons une phase où nous ne supportons plus la musique forte et les atmosphères agitées, où nous recherchons le calme, le silence, la nature. La cosmologie indienne nous enseigne que la nature même de la vie humaine est le déséquilibre - tant que nous ne serons pas réalisés (ou morts !), subsistera une certaine forme de déséquilibre… Ce jeu de l'instabilité est celui des gunas, qui sont les ingrédients de l'existence.

Les gunas sont au nombre de trois : Tamas, Rajas et Sattva. Dans cet article nous vous invitons à les découvrir et les comprendre, pour vous aider à faire les bons choix, et savoir vous donner, à chaque instant, ce dont vous avez vraiment besoin.

Tamas : Le principe de l'inertie

Tamas, c'est la lourdeur, la force d'inertie. Un état tamasique est celui où vous vous sentez fatigué, paresseux, réticent au changement et à l'effort. La nourriture tamasique nous fatigue ; excès de sucre, de gras, viandes lentes à digérer… L'excès de tamas n'est certes pas souhaitable, mais de petites doses ou épisodes tamasiques servent à contrer l'excès de rajas (défini plus bas) : dormir plus, manger plus, bouger moins, peuvent être des médicaments salutaires pour les anxieux hyperactifs.

Rajas : Le mouvement et l'action

Rajas est la qualité de ce qui est mouvement, transformation, voir agitation. Une nourriture rajasique est pimentée, épicée, excitante : elle contribue à éveiller, voir agiter notre métabolisme. Une activité rajasique est celle qui met ou maintient le cerveau et le corps en mouvement - un sport intense, un film plein de violence et d'émotions… Vous remarquerez d'ailleurs que certaines activités peuvent être sédentaires au niveau corporel, mais excitantes mentalement - comme celle de surfer sur internet, d'un site à l'autre, d'une page Facebook à l'autre, qui agite le mental, crée un état d'in satisfaction latent et rend la concentration difficile, alors que mon corps reste immobile.

Sattva : Un idéal de pureté…

La pratique du yoga vise à rendre le corps et le mental de plus en plus équilibrés, calmes et dans une certaine mesure, purs - nous parlerons alors d'un corps et d'un mental « sattvique ».
Le terme nous vient du sanskrit sattva, qui littéralement signifie « être-té » et qui désigne la qualité de ce qui est pur et translucide.
Une humeur ou une pensée sattvique est celle qui nous élève, nous apaise, nous inspire. Une activité sattvique est celle qui ne vise d'autre but qu'elle même. Une nourriture sattvique est une nourriture qui nous satisfait sans nous gaver, qui est favorable à la pratique du yoga et de la méditation.
Selon l'ayurvéda, science dite « soeur » du yoga, médecine traditionnelle indienne, une nourriture sattvique est une nourriture essentiellement végétale, fraîche, non grasse, ni trop salée ni sucrée : une nourriture qui ne vous donne pas envie de manger plus que ce dont vous avez besoin, vous procurera de l'énergie, favorisant en somme la tranquillité du corps et de l'esprit. Par exemple, une assiette de céréales complètes et légumineuses accompagnée d'un assortiment de légumes cuits et crus.

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Le jeu des gunas

Ces trois gunas sont en changement constant, dans un jeu d'équilibre et de déséquilibre.

Notre environnement, nos activités, les personnes avec qui nous vivons, ce que nous mangeons et pensons influencent cet équilibre.
Il est intéressant de réaliser que nous avons tendance à nous installer dans nos déséquilibres, et à être naturellement attirés par ce qui va dans le sens de ce déséquilibre. On recherche ce qu'on aime, plus que ce dont on a besoin. Par exemple une personne qui a beaucoup de tamas, aura tendance a rechercher l'inactivité et à s'installer dans une certaine stagnation; une personne qui est plus sous le règne de rajas aura tendance à aller vers l'hyperactivité.

Le changement, et l'évolution, demandent donc un certain effort.
On ira d'abord de tamas vers rajas, en ramenant de l'activité, du mouvement et plus de légèreté dans notre vie.
Puis de rajas vers sattva, en favorisant les activité plus calmes, la méditation et l'intériorisation.

Il est important de bien distinguer l'état tamasique de l'état sattvique… Car nous pouvons parfois les confondre, nous laissant aller, par confort, à une inactivité qui peut paraitre paisible de l'extérieure mais à laquelle manque la qualité d'éveil, de lucidité, de présence et d'attention que nous recherchons. Le rajas devient alors nécessaire et utile pour sortir de cet état tamasique et progresser vers un état satttvique. Prenons l'exemple suivant : Je sors d'une journée de travail au bureau, mes paupières sont lourdes, je souhaiterais rentrer chez moi, je songe peut-être à cette tablette de chocolat aux noisettes dans mon placard, je m'imagine allongée sur le canapé avec un magazine ou devant la télévision…. Mais dans un élan de volonté, je décide de faire l'effort d'aller à un cours de yoga - je résiste à ma tendance naturelle et mon désir immédiat - c'est une impulsion rajasique en elle-même, une petite violence nécessaire pour m'extraire du tamas. Il importe de comprendre que cette activité rajasique n'est que transitoire, comme une sorte de médicament que l'on se prescrit soi-même. Il importe de ne pas se laisser happer par cette dynamique, prendre au jeu de la compétitivité, de l'effort qui se satisfait de lui-même et cherche la performance…. Il peut notamment être utile, en hiver, ou lorsque nous nous sentons lourd et pris de paresse, de nous imposer quelques salutations au soleil qui vont chauffer et dynamiser le corps, suivies de postures debout par exemple. Il faudra ensuite savoir s'arrêter ! La suite de la pratique devra ensuite faire redescendre l'énergie et la chaleur du corps pour atteindre un état équilibré et sattvique…

Un Calme lucide
L'état sattvique est ainsi celui que l'on atteint après l'effort, après purification du corps et du mental par des pratiques de postures, de respiration, de méditation et une certaine discipline de vie. On le voit même à l'échelle d'une pratique de yoga : si je suis dans un état de fatigue et de paresse et que je m'allonge directement sur mon tapis, même si j'ai l'intention de méditer, je vais probablement glisser dans un état d'assoupissement ; si je m'allonge en shavasana (la relaxation finale) après une pratique d'asana et de pranayama qui m'a demandé de l'effort et de la concentration, mon repos aura une qualité et une saveur toute différente. En shavasana, je suis calme, silencieux, immobile, mais je ne suis pas endormi, je ne suis pas dans une inconscience tamasique. Je ne suis pas non plus dans un état où le corps est immobile et l'esprit agité, rajasique, obnubilé par mon programme de sorties du week-end, les possibilités futures, mes désirs et envies nombreux et variés. En shavasana, je suis tout à fait conscient de ma présence au monde. Je suis immobile, inactif en un sens, mais éveillé, alerte, lucide.

Cosmologie indienne

Les gunas sont les plus petits composants de l'univers, de toute matière. Ils sont en quelque sorte les atomes de la cosmologie indienne (selon la philosophie du Samkhya-Yoga). Cependant, la matière, selon cette même cosmologie, est à définir dans un sens beaucoup plus large que nous aurions tendance à le faire. Le mental, nos pensées, nos humeurs, font également partie de la matérialité du monde, au même titre que tout ce qui n'est pas ‘conscience pure'.

Les ingrédients de la vie

Chercher l'équilibre, c'est se connaître et connaître les effets des ingrédients de la vie ; ajouter un peu de piment à une vie un peu fade et terne, laisser entrer le silence et le repos dans une vie hyperactive, mais sans jamais aller trop loin.

Le yoga pourrait donc se définir non comme une progression linéaire vers la pureté parfaite mais comme un art qui nous accompagne dans les changements de la vie, nous permettant de nous rapprocher à chaque instant le mieux possible d'un équilibre qui ne sera jamais permanent !

Nos suggestions de pratiques

Les pratiques physiques et dynamiques peuvent nous aider à contrer un excès d'inertie (Tamas), que ce soit le yoga vinyasa, l'ashtanga, ou certaines séances de hatha yoga.

Faire circuler l'énergie dans les jambes

• Style : Hatha Yoga doux
• Intensité : Yoga doux
• Niveau : Débutant, Pour tous
• Durée : 15 minutes
• Matériel recommandé :

Apporter de la fluidité dans sa pratique : pulsation et postures

• Style : Yoga Vinyasa
• Intensité : Yoga dynamique
• Niveau : Pour tous
• Durée : 30 minutes
• Matériel recommandé :

Remobiliser le corps après être resté assis longtemps

• Style : Yoga Vinyasa
• Intensité : Yoga dynamique
• Niveau : Intermédiaire
• Durée : 20 minutes
• Matériel recommandé :

Nos suggestions de pratiques

Le restorative yoga, la méditation et le yin yoga nous aiderons au contraire à aller du dynamisme et de l'activité (rajas), vers l'état de contentement et d'ouverture propre à Sattva.

Relaxation et méditation sur la respiration

• Style : Méditation, Restorative Yoga
• Intensité : Yoga doux
• Niveau : Débutant, Pour tous
• Durée : 30 minutes
• Matériel recommandé :

Méditation relaxante contre le stress et l’anxiété

• Style : Méditation
• Intensité : Relaxation & méditation
• Niveau : Débutant, Pour tous
• Durée : 15 minutes

Yin yoga : Equilibrer le système nerveux

• Style : Yin Yoga
• Intensité : Yoga doux
• Niveau : Débutant, Pour tous
• Durée : 20 minutes
• Matériel recommandé :